Article paru dans notre magazine Convictions n°55
Lorsqu’une holding « patrimoniale » a été mise en place, il est possible de faire remonter la trésorerie non nécessaire au fonctionnement quotidien des filiales opérationnelles.
Cette trésorerie d’entreprise peut ainsi être gérée sur du moyen-long terme en profitant d’un contexte de marché très favorable.
Le monde des taux a changé en quelques mois, la gestion de trésorerie aussi.
La fin de la décennie 2010, écrasée de liquidités par la Banque Centrale Européenne, favorisait largement les
entreprises endettées au détriment des entreprises pourvues de trésorerie. Les premières pouvaient emprunter à taux zéro, voire à taux négatif, tandis que les secondes se trouvaient bien dépourvues lorsqu’elles souhaitaient rémunérer leurs liquidités. Les comptes à terme, livrets, fonds monétaires et autres placements traditionnels de trésorerie plafonnaient tous autour de zéro et certaines banques commençaient même à facturer une trésorerie trop abondante… les agios à l’envers, un comble ! L’année 2022 a mis un terme à cette période étrange et le marché du financement et des placements de trésorerie a retrouvé ces derniers mois une échelle de rendement plus cohérente : les marchés financiers anticipant toujours les phénomènes, nous avons vu s’ajuster en premier lieu les obligations, tandis que les TCN (titres de créances négociables) ont mis quelques semaines de plus.
Il est difficile de dresser un portrait du « trésorier investisseur » car les caractéristiques, objectifs, horizons de temps et contraintes de chaque entreprise sont tout à fait disparates entre des entreprises au fort volant de trésorerie mais devant être disponible rapidement et d’autres aux ressources plus limitées mais ayant un socle de trésorerie tout à fait stable pouvant être placée sur 3 ou 5 ans…
Quant aux contraintes statutaires et règlementaires, elles sont aussi nombreuses que le nombre de trésoreries… Cependant, on pourra logiquement dresser un constat et des grandes lignes à peu près opposées à celles des emprunteurs :
- Se positionner plutôt sur les produits de marché que sur les produits bancaires afin de maximiser actuellement son rendement, en attendant que les produits bancaires aient intégralement ajusté la hausse des taux ;
- Profiter de la hausse des taux pour investir tout ou partie du volant de trésorerie stable afin de capter dès à présent des rendements significatifs dans un contexte très mouvant.
Quelques produits ou services nous semblent ainsi particulièrement adaptés :
- Les fonds d’obligations très courtes, avec des rendements embarqués entre 3 et 6 % sur des maturités de 1 à 3 ans en fonction de la qualité de crédit des émetteurs ;
- Les fonds d’obligations à échéance qui permettent à l’entreprise d’adosser précisément son besoin de trésorerie à la maturité du fonds. Ces investissements suscitent actuellement un grand intérêt des trésoriers d’entreprises ou des institutionnels ;
- Dans la famille des placements financiers très plébiscités depuis ce changement de paysage, les produits structurés se placent en très bonne position. En effet, construits via une obligation d’une part et des outils dérivés d’autre part, ils bénéficient de cette nouvelle conjoncture.
La hausse des taux apporte de la valeur à l’obligation, les incertitudes, à savoir la volatilité, apportent de la valeur aux outils dérivés. Un type de placement, deux moteurs de valeurs présents simultanément, et des marchés financiers complexes à appréhender… la formule parfaite pour que les trésoriers se tournent de nouveau vers les produits structurés. Particulièrement ceux dont le capital est garanti à 100 % à échéance, afin de limiter au maximum les risques tout en allant chercher des performances supérieures à celles que proposent les CAT actuels. Il existe aujourd’hui une multitude de produits structurés permettant de répondre aux besoins d’une trésorerie. Il est alors nécessaire de se poser certaines questions préalables afin de sélectionner les investissements les plus adaptés à ses besoins.
3 questions primordiales
avant d'investir sa trésorerie stable
1. Quel est l'horizon de placement ? Et quel est le besoin de liquidité ?
Il existe des produits financiers à court (6 mois, 1 an), à moyen (3 ans) ou à long terme (plus de 5 ans) en fonction de sa capacité à mobiliser sa trésorerie. Certains produits comme les comptes à terme sont réellement bloqués jusqu’à la date de fin contractuelle.
D’autres produits comme les fonds obligataires ou les produits structurés sont cotés chaque jour et permettent donc de retirer son investissement à tout moment au cours de la vie du produit. Cela se fera à la valeur cotée du placement le jour J, et donc sans garantie en capital au moment du retrait : le désinvestissement pourra donc être bénéficiaire (gain) ou déficitaire (perte) en fonction du produit et du moment choisi. Cette liquidité journalière, dont bénéficient les produits structurés et la plupart des fonds offrent donc plus de flexibilité que les comptes à terme, que ce soit en cas de besoin, imprévu de trésorerie
ou en cas de volonté d’arbitrage de ses placements.
De manière générale, nous recommandons de rester investi jusqu’à l’échéance des produits structurés pour bénéficier de leur garantie totale ou partielle en capital, et sur la durée recommandée d’investissement d’un fonds ouvert.
2. Quel est le rendement souhaité ? Et pour quel risque associé ?
Il existe des produits pour toutes les stratégies de trésorerie : des fonds de trésorerie de quelques semaines à quelques mois, des fonds obligataires millésimés par année, des produits structurés au rendement garanti de 4 % par an, des produits au rendement de 6 à 7 % par an, et des produits au rendement à 2 chiffres !
Evidemment le risque associé croît avec le rendement. Il conviendra alors de déterminer si l’on souhaite prendre du risque en capital, un peu, beaucoup ou pas du tout. Par exemple, un produit sans risque en capital pourra conférer à son porteur un rendement également garanti, à hauteur de 4 % par an sur un horizon moyen. Le même produit, mais avec un rendement conditionnel, permettra un gain de 6 % par an. Pour des rendements supérieurs, il faudra prendre une part du capital à risque. Les rendements escomptés pourront être payés à intervalles réguliers (mensuellement, trimestriellement, annuellement…) ou capitalisés et alors perçus à l’échéance.
3. De quelle visibilité avons-nous besoin ?
Les caractéristiques des produits structurés et des fonds de trésorerie sont multiples, permettant ainsi de diversifier à tous niveaux ses placements. Diversification des horizons de placement, des types de produits, des paiements des rendements, des actifs sous-jacents (taux, crédit, indices, actions, fonds…), des risques, des stratégies, des zones géographiques ou encore des secteurs… Chaque composante du produit est déterminée et connue à l’avance par le trésorier, lui permettant d’acquérir une maîtrise et une visibilité dans sa gestion de trésorerie.
Cet atout est majeur dans un contexte mouvant et incertain puisqu’il permet d’apporter de la sérénité aux investisseurs !
Nos Convictions
- Se poser les questions essentielles avant toute décision d’investissement : liquidité, horizon de placement, risque, rendement… ;
- Profiter de la hausse des taux pour bloquer à moyen ou long terme des conditions attractives ;
- Penser aux fonds obligataires et aux produits structurés pour bénéficier de rendements supérieurs aux DAT (dépôts à terme).

Pauline Hampartzounian
Directrice Produits Structurés, Cyrus Conseil
pauline.hampartzounian@cyrusconseil.fr

Matthieu Bailly
Directeur Général Délégué, Octo AM
matthieu.bailly@octo-am.fr