Podcast : La démocratisation des actifs non cotés

Podcast : La démocratisation des actifs non cotés

Bienvenue sur ce nouvel épisode de notre podcast « Dans l’oreillette », un format exclusivement dédié à la Gestion Privée et Gestion de Fortune. Aujourd’hui nous retrouvons Sophie Lam-Detrait, Responsable de l’Offre « Non Coté » chez Cyrus, pour parler de la démocratisation des actifs non cotés. 

Animateur : Pour débuter Sophie, peux-tu nous dire d’où vient la démocratisation de ces actifs ?

Sophie Lam-Detrait : Oui bien sûr Lola ! À l’origine, les institutionnels ont investi sur ces actifs parce qu’ils recherchaient de la performance pour honorer leur engagement de long terme au passif de leur bilan.

La démocratisation de cette classe d’actifs a commencé avec les entrepreneurs qui ont ouvert leur capital à des fonds d’investissement ; ces entrepreneurs ont vécu la transformation de leur entreprise et la création de valeur de l’intérieur. Lorsqu’ils ont encaissé la vente de leur titre (cash out), ils ont naturellement investi leur cash dans ces fonds parce qu’ils comprenaient d’où venait la performance.

Ensuite cette classe d’actifs a été mise à la portée d’un plus grand nombre dans une logique de diversification de leurs actifs financiers. Un portefeuille diversifié, c’est un portefeuille moins volatile, qui résiste, et qui délivre une performance stable sur le temps. Diversifier bien entendu les risques mais aussi diversifier les sources de rendement. C’est vraiment nécessaire quand on voit que les cycles économiques sont de plus en plus courts, que les actions et obligations sont de plus en plus corrélées, et que le risque inflationniste réapparaît, et la résultante est la hausse des taux.

La hausse des taux n'a-t-elle pas bouleversé le paysage des placements ? Pourquoi prendre du risque alors que les placements à court terme rapportent déjà du 4 % ?

S.L. : C’est très juste Lola, mais cela fait plus de 30 ans que les institutionnels ont mis cette classe d’actifs dans leur allocation. Même à une période quand les taux courts étaient élevés.

4 % de rendement sans prendre de risque, ça nous paraît aujourd’hui extraordinaire quand on a connu une décennie de taux à zéro. Mais les hausses des taux par les Banques Centrales ont pour but de juguler l’inflation. 4 % de rendement avec une inflation à 3 %, au final on s’enrichit réellement de 1 %.

Il est nécessaire de prendre du risque, du risque maîtrisé, si on veut faire progresser notre patrimoine pour préparer nos objectifs à moyen / long terme.

Les assureurs l’ont très bien compris. En plus de proposer un taux boosté au fonds euros, ils proposent aussi des fonds non cotés dans leurs offres d’unités de compte. J’en profite pour saluer le travail de nos partenaires assureurs qui ont contribué à rendre la classe d’actifs plus accessible, notamment en assurant la liquidité.

Quel a été le rôle des sociétés de gestion dans la démocratisation des actifs non cotés ?

S.L. : Les sociétés de gestion ont joué un rôle catalyseur en créant des fonds perpétuels innovants dits « Evergreen », considérés comme un “gage” de liquidité sur le marché. En apportant une semi-liquidité elles ont ainsi contribué à lever le frein psychologique du manque de liquidité pour permettre à des clients particuliers de faire leurs premiers pas. 

Pour les autres dits “avertis”, les fonds spécialisés disponibles à partir de 100 k € optimisent le fameux taux de rendement interne (TRI) dont la particularité est de mesurer le taux de rentabilité du cash au travail à travers des appels progressifs.

La liquidité n’est pas un vrai problème quand il s’agit d’aligner le temps long, entre 8 à 10 ans, avec la performance, ce qui permet de s’affranchir de la volatilité du quotidien.

Quelle est notre mission, à nous, distributeur dans ce processus de démocratisation ?

S.L. : En premier lieu, aider nos clients à prendre en main l’organisation de leur patrimoine, c’est une étape indispensable pour connaître leur situation et leurs attentes, et ainsi planifier par la suite leurs stratégies d’investissement.

En second lieu, aider nos clients à construire leur portefeuille en actifs non cotés, sur les trois classes d’actifs à part entière que sont le private equity, la dette privée et les actifs réels. On intègre une dimension d’ingénierie patrimoniale car la réflexion en amont sur le mode de détention permet des économies fiscales.

En troisième lieu, sélectionner les offres pertinentes pour nos clients, en architecture ouverte, ou alors les structurer pour leur donner l’accessibilité.

En quatrième lieu, mettre en adéquation l’offre avec les besoins et profils de nos clients.

Enfin, assurer le suivi des investissements, au-delà de la qualité des offres, le service et l’accompagnement sont primordiaux car l’offre d’actifs non cotés devient foisonnante.

La démocratisation du non coté doit sans nul doute répondre aux besoins patrimoniaux de nos clients. Pourrais-tu nous donner quelques exemples ?

S.L. : Oui bien sûr, j’ai trois exemples en tête. Un grand nombre de nos clients cherche à préparer leur retraite ou n’ont pas besoin de toucher à une partie de leur épargne. Ils vont donc investir sur un horizon long et ainsi se laisser le temps de créer de la valeur sereinement. Nous leur proposons le capital transmission car il a historiquement généré des performances régulières en moyenne et représente 70 % du marché du private equity. 

Et puis, beaucoup de nos clients ont cédé leur entreprise et peuvent avoir besoin de réinvestir une partie des produits de cession pour continuer à bénéficier du report d’imposition. Ils aiment bien investir en direct auprès de leur réseau d’entrepreneurs mais ils expriment aussi un besoin de diversification sur des fonds sérieux en matière de gestion du quota fiscal de remploi. Le capital développement et le capital risque sur des sociétés européennes satisfont ce besoin et offrent des perspectives de rendement et risques complémentaires. 

Enfin, d’autres clients ont organisé la transmission de leur patrimoine et ont besoin d’un complément de revenu pour s’assurer un train de vie. Nous leur proposons la dette privée qui distribue des revenus régulièrement. À ce titre, elle diversifie la stratégie distributive aux côtés des fonds obligataires, des SCPI ou encore des produits structurés. 

À quel besoin commun répond la démocratisation du non coté ?

S.L. : Tous nos clients souhaitent bien sûr, préserver leur capital. On a un vaste champ des possibles avec les actifs “non cotés”. On peut avoir des degrés de risques divers : capital ou dette, entreprises ou actifs tangibles.

Prendre des risques tout en préservant son capital ne peut s’entendre que sur un horizon long. La performance n’est pas le fruit d’un bon market timing ou d’un arbitrage de volatilité. Elle provient d’aspects fondamentaux : par exemple, élargir une gamme de produits, augmenter sa productivité grâce à la digitalisation, ou encore se développer à l’international.

Pour mitiger le risque en capital, il faut compléter l’allocation avec de la dette privée ou bien des infrastructures. Les infrastructures jouent un rôle de protection car elles servent les besoins essentiels de la population. On a une bonne visibilité des cash flows, des cash flows protégés a fortiori par des barrières à l’entrée. Elles sont un bon rempart contre l’inflation.

Est-ce qu’il y a d’autres besoins auxquels pourrait répondre le non coté ?

S.L. : Oui, nombreux sont nos clients qui veulent également donner de l’utilité à leurs investissements. Je veux comprendre à quoi sert mon argent, ce qu’il finance, quel type d’activité, la durabilité de ces activités, et l’impact en matière de créations d’emplois.

Le private equity permet d’aller plus loin. Quand on combine des critères extra financiers au business plan financier, on a là de véritables outils de création de valeur. Par exemple, il existe un modèle de croissance qui concilie la performance d’impact à la performance financière. On parle ici de soutenir des entrepreneurs qui apportent une solution aux problèmes environnementaux et sociaux.

Donner du sens à ses investissements, ce n’est pas forcément aller chercher des fonds d’impact, parfois la mission de la société de gestion parle d’elle-même. Par exemple, permettre à des dirigeants d’entreprise de prendre le contrôle de leur société quand ils ne l’ont pas. Comment on fait cela ? On leur apporte une dette mezzanine plutôt que de s’imposer dans leur capital, on favorise ainsi un meilleur partage de la valeur. Et nos clients dirigeants d’entreprise y sont d’ailleurs très sensibles.

La démocratisation des actifs non cotés répond à un véritable besoin patrimonial. Mais le contexte macro-économique actuel est-il propice aux marchés privés ?

S.L. : Tu as raison Lola, ce n’est pas une classe d’actifs immunisée des cycles économiques. En revanche, elle a traversé de nombreux cycles et l’histoire nous montre qu’elle s’est adaptée.

Ne perdons pas de vue que la surperformance tant démontrée des marchés privés sur les actifs cotés repose avant tout sur des aspects de gouvernance et d’alignement des intérêts. On définit ensemble, actionnaires, dirigeants, salariés des Business Plan, on va prendre les décisions pour atteindre un objectif commun, et ceci, dans un temps limité.

Si on regarde les études académiques, on voit que 75 % de la performance provient de l’opérationnel, la croissance des résultats, c’est ce qui permet de revaloriser une entreprise.

Quels seraient les derniers conseils que tu pourrais donner à nos auditeurs ?

S.L. :

  1. Bien définir son épargne de long terme qui sert à financer vos projets de vie.
  2. Intégrer dans votre allocation, l’inflation, un paramètre qui semble persistant et raisonner en rendement réel, c’est-à-dire après inflation.
  3. Saisissez ce temps que vous avez devant vous en construisant votre allocation en actifs non cotés. Ce temps est une source de rendement, il crée de la valeur.

En matière d’allocation, le Private Equity primaire est l’actif idoine à mettre en fonds de portefeuille pour répondre à une exigence de rendement plus élevée, il est en mesure de restituer une performance fondamentalement palpable sur un terme long. La dette privée bénéficie d’un contexte favorable lié à un environnement structurellement changeant. La sélection d’actifs de qualité permet de préserver les rendements annoncés. Le Private equity secondaire offre de belles opportunités aux acheteurs en quête d’un cycle d’investissement plus court.

Sophie Lam-Detrait - photo Podcast

Sophie Lam-Detrait

Responsable de l'Offre "Non Coté" chez Cyrus
sophie.lam-detrait@cyrusconseil.fr