Perspectives 2024 : des actions à ré-actions

Perspectives 2024 : des actions à ré-actions

Même si l’année 2023 a été plus positive pour les actions, nous restons encore sur le traumatisme de 2022 où le choc de taux d’intérêt a provoqué une chute concomitante des actions et des obligations. Alors que nous arrivons au terme du processus de hausse des taux dans le monde, nous abordons l’année 2024 avec un optimisme mesuré, les déceptions possibles sur la croissance devant être compensées par des nouvelles plus favorables sur les politiques monétaires.

Un scénario 2024 mitigé

Le « derating » des actions depuis 18 mois est réel, surtout sur certains secteurs liés à la croissance et plus encore sur le segment des petites valeurs. La reprise de 2023 n’aura que partiellement compensé la chute de 2022. Le marché des actions reste aujourd’hui très volatile avec des belles séquences (juin, juillet 2023 par exemple) suivies de replis significatifs (août, septembre, octobre 2023). 2023 apparait globalement comme une année de reprise modérée dans un environnement toujours très incertain.

Notre scénario 2024 est celui d’un ralentissement économique mondial, d’une poursuite de la lente décélération de l’inflation et du début de la baisse des taux d’intérêt dans la seconde partie de l’année. Le contexte géopolitique restera mouvementé et continuera d’alimenter la volatilité au gré des évènements susceptibles de survenir. La situation au Moyen Orient, la guerre en Ukraine et l’élection présidentielle américaine sont, à ce jour, les facteurs qui pèseront, dans un sens ou dans l’autre, en 2024. Mais dans un monde en mutation, d’autres épisodes pourront surprendre, positivement ou négativement.

Dans un tel contexte, nous cherchons plus que jamais à nous concentrer sur quelques tendances fortes de long terme dans notre allocation actions. Nous choisirons toujours la qualité au détriment de la spéculation. Nous privilégierons ainsi les entreprises peu endettées, les mieux à même de supporter la forte hausse des conditions de crédit.

Les secteurs à privilégier

Parmi les grands thèmes privilégiés pour l’année à venir, le secteur technologique, la santé et les acteurs de la transition énergétique restent en tête de proue.

Le secteur technologique

La technologie profitera encore de la révolution digitale en cours avec la récente émergence de l’intelligence artificielle comme accélérateur supplémentaire. Après la chute de 2022 (Nasdaq à -33%) compensée par une remontée en trompe l’oeil en 2023 (seules quelques grosses sociétés ont significativement rebondi) beaucoup de valeurs ont aujourd’hui des valorisations attractives et pourraient, dans un environnement de taux d’intérêt apaisé, retrouver la faveur des investisseurs. Le « stock picking » sera déterminant, la révolution en cours faisant clairement le tri entre quelques grands gagnants et des victimes vite oubliées. Ainsi va le monde digital…

Le secteur de la santé

Le secteur de la santé a souffert depuis 18 mois, victime également de la remontée des taux d’intérêt et d’un désintérêt persistant des investisseurs. Nous estimons que la correction est désormais suffisante et intègre beaucoup de mauvaises nouvelles. Les entreprises du secteur de la santé devraient à nouveau bénéficier de politiques monétaires plus favorables et leur valorisation devrait retrouver des niveaux plus conformes à leur historique.

Le secteur de la transition énergétique

Le secteur de la transition énergétique profitera ces prochaines années de l’accélération des transformations liées au réchauffement climatique. Ces transformations iront du secteur de l’énergie à l’habitat, l’eau, les transports ou le traitement des déchets. Être investis sur cette thématique n’est pas un effet de mode mais bien une nécessité fondamentale. La transition énergétique continuera d’influencer les gestions, tant sur le choix des secteurs que sur la note ESG des sociétés sélectionnées.

A ces trois thèmes dominants nous privilégierons plus généralement les valeurs de croissance avec du « pricing power » qui sont toujours sous le choc de 2022 malgré leur remontée récente. Le potentiel de revalorisation est clair à mesure que l’horizon s’éclaircira. Cela n’exclut pas les autres secteurs qui, dans un souci d’équilibre pourront compléter les portefeuilles.

Focus sur le segment des petites valeurs

Nous souhaitons également mettre l’accent en 2024 sur le segment des petites valeurs. Elles ont subi une chute d’environ 40% depuis deux ans alors que les bénéfices ont dans leur ensemble progressé, même si c’est dans une moindre mesure. Elles ont pâti d’un effet flux très défavorable et leur faible liquidité a accentué les mouvements de baisse. La volatilité et la sélectivité au sein de ces valeurs restera de mise mais il est impossible de rester à l’écart de ce segment. Il faudra continuer de privilégier les sociétés peu endettées et offrant le plus de visibilité. Compte tenu des valorisations, il est probable que des OPA et des retraits de cote interviennent au cours des prochains mois, dopant l’ensemble de la cote des petites valeurs.

En 2024, quelle zone géographique favoriser ?

En termes géographiques nous entendons maintenir un équilibre entre les Etats-Unis et l’Europe. Le marché américain sera toujours le marché leader et celui qui, structurellement, bénéficie le plus rapidement de flux favorables. Les fonds de pension américains doivent impérativement investir les nouvelles réserves disponibles et, même si l’offre sur les obligations est désormais largement concurrentielle, une partie de ce cash doit aller sur les actions. C’est aussi la zone économique où la croissance est en moyenne supérieure à celle de l’Europe. Pour autant, la valorisation des actions européennes est aujourd’hui dans une borne basse. Le flux de nouvelles en 2024 ne sera pas forcément toujours favorable mais le potentiel de rebond en cas de bonnes surprises est conséquent.

La cote européenne regorge par ailleurs de superbes sociétés, leaders dans leur domaine et qui doivent davantage être considérées comme des entreprises mondiales (par exemple les grandes sociétés françaises du luxe). Nous restons en revanche peu investis sur la Chine dont le marché est trop règlementé et sujet à des interventions politiques (on a tous en mémoire la chute d’Alibaba à la suite de l’incarcération de son dirigeant).

La classe actions n’a pas bonne presse aujourd’hui. Des performances décevantes depuis 5 ans, trop de volatilité, pas assez de visibilité et toujours la concurrence du Private Equity. Pourtant, un investisseur avisé doit profiter de ces périodes troublées pour investir sur un actif qui, sur une longue durée, a toujours démontré dans le passé sa rentabilité.

Nos convictions

  • Les valeurs de croissance profiteront du nouvel environnement de taux ;
  • La revanche des petites et moyennes valeurs, qui ont pris beaucoup de retard ;
  • Parmi les secteurs, nous privilégions le digital, la consommation discrétionnaire, la santé et la transition énergétique.
Emmanuel Auboyneau

Emmanuel AUBOYNEAU

Gérant Associé, Amplegest
e.auboyneau@amplegest.fr