30 ans d’existence, c’est l’occasion de faire le point sur ce qui a été réalisé mais également de réfléchir aux évolutions probables de notre environnement. De ce point de vue, il est clair que l’avenir de la gestion de patrimoine sera sensible à des enjeux environnementaux, technologiques mais également humains propres à cette activité.
Sylvie Kergall - Elysée Montmartre
L'enjeu sociétal
Au-delà des efforts nécessaires et quotidiens d’adaptation de l’activité à une gestion plus conforme aux défis environnementaux, il est clair que l’un des enjeux majeurs des prochaines années sera orienté vers la quête de sens. Ceci se concrétisera à travers le développement de l’« impact investing » ou du socialement responsable. L’ampleur du changement de modèle, nécessaire avec l’abandon progressif des énergies carbonées (pétrole et charbon) au profit du couple gaz naturel et des énergies renouvelables, ne nous laisse pas de doute sur le fait que les capitaux privés devront être mobilisés sur ces questions. L’enjeu pour nous sera d’offrir la possibilité à nos clients d’investir sur des projets essentiels, porteurs de sens mais également rentables. L'environnement, et dans une même logique de quête de sens, la solidarité humaine et le mécénat culturel vont contribuer à faire évoluer le modèle de nos sociétés et la nature des produits d'investissements des épargnants.
Un des enjeux majeurs des
prochaines années sera d’aider au
financement d’une transition vers
un nouveau modèle de société.
Sylvie Kergall - Elysée Montmartre
,,
Selon nous, l’humain
restera au coeur
de notre activité...
L'enjeu financier
Taux négatifs, fin de l'État providence, la recherche de revenus et de performances va devenir un nouveau défi pour les épargnants qui ont bénéficié depuis 30 ans de rendements élevés avec capital garanti et liquidité assurée. C'est au moment où les rendements sont au plus bas, que les Français vont avoir le plus besoin de revenus. La question de la retraite, dont la fin du système par répartition semble inéluctable malgré les réformes menées, ainsi que le financement de la dépendance, constituent des défis majeurs pour la société. L'allongement de la durée de vie oblige à repenser les stratégies d'investissement avec pour objectif de trouver du rendement sur de plus longues durées.
De nouvelles classes d'actifs vont faire leur apparition rapidement et d'autres vont se démocratiser comme le non coté et certains secteurs immobiliers jusque-là réservés aux professionnels.
,,
Un retour à des taux
positifs semble inéluctable
L'enjeu technologique
Pour l’activité de service qu’est la gestion de patrimoine, l’essentiel de l’évolution technologique impactante est avant tout informatique. Dans ce domaine, nous avons retenu deux tendances majeures : les cybers placements (cyber sécurité) et l’intelligence artificielle. Concernant les cybers placements, les lecteurs de nos différentes publications ont pu constater que nous n’étions pas favorables à la génération actuelle de cryptomonnaie. En effet, au-delà de la volatilité de la valorisation de ces dernières, il existe des interrogations sur la blockchain qui ne sont pas encores résolues. Dans les conditions actuelles, une cryptodevise ne peut réunir que deux des trois conditions suivantes : décentralisation (pas de tiers de confiance), efficience (rapidité et coût de transaction) et sécurité. Dans ces conditions, les cybers ou crypto-placements ne pourront vraiment se développer que lorsque des tiers de confiance s’empareront de la technologie, et ce pour la mettre de façon efficiente et sûre à la
disposition du public.
,,
l’intelligence artificielle
permettra à chacun de
disposer d’une offre
personnalisée
C’est l’enjeu de la controverse du « libra » de Facebook et de la réaction assez virulente des États à cette initiative. L’apparition de cybers placements communément acceptés et efficients ouvriront également probablement la voie à des marchés d’actifs (actions, devises, matières premières) à règlement immédiat mais surtout ouverts 24h sur 24 auxquels la gestion de patrimoine devra s’acclimater.
L’autre grand enjeu technologique est l’intelligence artificielle.
Elle permettra de transformer l’offre de service à la fois dans son accessibilité permanente via des chatbots ou bien le langage naturel (comme alexa ou siri) et la personnalisation de l’offre : nous allons entrer dans l’ère de la « mass customisation », c'est-à-dire une offre fabriquée à partir de notre propre histoire ou à partir de l'analyse des données de marché (Big Data). L’enjeu pour les acteurs de la gestion de patrimoine sera d’une part d'organiser les expertises de façon la plus efficiente possible, mais surtout de gérer l’articulation entre l’offre algorithmique et l’expertise humaine qui restera, selon nous, au cœur de la relation.
L'enjeu humain
Selon nous, l’Humain restera au coeur de notre activité. Les évolutions majeures comme l'allongement de la durée de vie imposeront une
adaptation des préconisations patrimoniales en matière de gestion et de transmission du patrimoine de nos clients.
Concernant l’enjeu socio-politique, nous avons la conviction que l’anomalie actuelle des taux négatifs ne pourra pas durer. Ces derniers sont le reflet d’une trop grande abondance de l’épargne. Elle est la conséquence des choix politiques faits en 2008 de ne pas reconnaître les pertes potentielles pour les épargnants en empêchant toute faillite significative (hors Lehman Brothers) et en amorçant une politique de taux bas pour mutualiser les coûts.
Cette politique, probablement justifiée (sinon les faillites bancaires auraient créé un choc trop important sur le système) a généré un surcroît d’épargne (qui aurait dû être détruite) et un déficit
d’offre puisque des capacités de production excédentaires n’ont pas été sorties du marché. Cependant, le temps fait son oeuvre et l’excès
d’épargne devrait être progressivement résorbé.
Un retour à des taux positifs nous semble inéluctable même si cela devrait encore prendre quelques années. Dans ces circonstances,
l’accompagnement des clients sera primordial : en effet, il s'agira de limiter l'impact d'un retour à des taux positifs. Si l'inversion de taux s'avérait rapide, voire brutale, cela constituerait une phase délicate pour beaucoup de clients qui auront investi sur des taux bas ou négatifs.
